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Choucube
29 février 2012

La morale de l'internaute

   Comme la plupart d’entre vous ont dû certainement le remarquer, sinon carrément s’en arracher les cheveux par la racine, la plateforme de téléchargement « illégal », de partage et d’échange de fichiers, Megaupload, a cessé de fonctionner suite à une injonction émise par la justice américaine. Cette interruption probablement définitive et fortement inattendue pose plus que jamais la question du téléchargement illicite, et plus généralement celle de la liberté sur Internet et de la possibilité d’une régulation établie de cet espace ouvert sur l’absolu.

   La liberté se définit comme : « La possibilité d’agir, de penser, de s’exprimer selon ses propres choix sans être soumis à aucune sorte de servitude ». L’extrapolation de cette définition, qui ici est à la base du problème, certifie que pour qu’une liberté soit totale, il faut qu’elle soit nécessairement limitée. Au-delà ce cet aspect philosophico-culturel, le trouble qui subsiste plus concrètement est d’ordre plus moral et interroge frontalement la pérennité et la viabilité de la propriété intellectuelle qui elle-même découle de la créativité humaine et prend pour principe le droit à la rémunération. Il est donc plus que clair que la fermeture de Megaupload du point de vue de la morale est totalement justifiée. Mais est-ce vraiment à la justice de faire le procès de la morale ?

    L’autre interrogation soulevée par cette mesure est celle des limites de la régulation au sens technique comme au sens géographique du terme. Comment limiter par des réglementations précises et effectives un espace qui par définition est illimité ? De quelle manière dresser des frontières claires dans un monde ou rien n’est palpable, et encore moins vérifiable ? Et puis, si théoriquement tout est réalisable, qu’en sera-t-il pour la faisabilité ? Comment traduire et sanctionner des millions d’internautes à la fois à mille endroits différents ? Et au final, qui sanctionner ? L’émetteur ? Le récepteur ? Le réémetteur ? Le re-récepteur ? Le percepteur ? L’administrateur ? L’adhérant ? On a inventé un Far West cybernétique sans réaliser qu’à cet endroit, le roi n’était pas le shérif mais le hors-la-loi.

   La nature du débat est tout autre en Algérie. Quand on sait que 95 % de ce qui est vendu est le fruit du téléchargement illicite, le problème est vite réglé, autant alors économiser en téléchargeant directement les films, séries, musique, logiciels et autres sur son ordinateur. Moi-même, cinéphile notoire, sériphile pur et dur, mélomane à mes heures perdues (entre autres), la fin de Megaupload me permet de réaliser que la moitié de notre patrimoine culturel acquis a été, est, et continuera à être la conséquence de la réitération pure et simple d’un larcin. Le jour ou la propriété intellectuelle sera similaire dans mon pays pour Frank Sinatra, Nina Simone, Sigur Ros, Gus Van Sant, Warner Bros, Microsoft et Sony comme elle l’est pour Dounia Edition et tous ses choubanes, alors la majorité, à commencer par moi-même, s’interrogera sur ce qui doit être fait.

   Megaupload est mort, d’autres le remplaceront. Tout est interchangeable, tout demeure substituable. Ainsi le roi est mort, vive le roi. 

   Ni juge, ni avocat, ni procureur, je m'adresse à vous en simple chroniqueur.

  

De: Chouks

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