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Choucube
30 avril 2012

Et puis un jour, je n'ai plus pu écrire

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire, ce n’est pas faute d’avoir essayé mais rien ne venait. Mes mots comme mon inspiration s’étaient volatilisés, évaporés dans l’intermittence prolongé de nouvelles responsabilités dites d’avenir, fracassés contre le mur de la raison qui ne tombe en ruine que pour renaitre, plus solide, et plus imperméable.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire. J’ai alors cherché le « pourquoi » au lieu de trouver le « comment ». Quand on a passé son temps à se complaire dans une paresse orgueilleuse, la mémoire se raccourcit, et on a tendance à vite imputer tout revers à une tierce cause.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire et le flot inévitable d’interrogations assassines s’est heurté à ma personne. En digue précaire face à un tsunami sans nom, je me suis laissé submerger par la léthargie, la confondant dans ma bêtise et dans feinte naïveté avec l’ivresse du doute, celle-là même qui confère à tout sentiment un fondement légitime.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire. Devant la page blanche ou l’écran faiblement lumineux, la profondeur tranquille de ma nouvelle virginité m’avait rendu réfractaire à tout assaut de créativité soudaine.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire. L’ampleur de mes préoccupations devenue ma principale ligne directrice, je tentais, non sans brio, de me persuader que ce n’était pas de ma faute, que la complexité tacite des choses quotidiennes finirait pas m’adjoindre une identité anonyme pour mieux me fondre dans le décor.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire. J’ai alors compris cette notion si peu envisageable qui dicte l’ordre des équivalences les plus troubles. Dans la précarité de ma nouvelle situation d’antagoniste, j’ai saisi qu’il me fallait trouver les mots pour faire subsister l’idéal qui anime mon existence en pointillés.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire et je n’ai essayé que sommairement d’être le remède de ce mal que je m’expliquais parfaitement mais que je ne reconnaissais à aucun moment.

   Et puis un jour, je n’ai plus pu écrire et j’ai failli partir et vous laisser mais je ne l’ai pas fait.

   Et puis un jour, j’ai décidé d’écrire, sans règles, sans ménagements, sans prétentions et malgré quelques facilités autoconcédées, j’ai écrit.

   Je me rappelle d’un jour, où je n’ai plus pu écrire parce que je pensais que quand on est mélancolique, le bonheur inhibe la nature profonde des êtres. Indissociables, l’heureux écoulement de ma vie et le déclin de ma verve devenaient une conviction chèrement acquise, et c’est à proximité de la consécration que les choses ce sont éclaircies, lentement, subrepticement, la formule sans magie, dont j’usais pour tracer ma voie, n’était plus la même.

    Il a fallu que je cesse d’écrire pour trouver les bons mots. Aujourd’hui, j’ai appris à faire des compromis, non pas pour changer, mais pour demeurer le même. Ma solution n’est peut-être pas la meilleure, mais il me semble que le temps de l’attente est fini. Et contrairement à ceux qui n’ont pas le temps, je n’ai jamais attendu de grandir mais de me souvenir.

 

De: Chouks

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Commentaires
C
Hum Hum...
N
J'avoue que si, je les ai vite retrouvés, ce fut instantané, mais aussi assez stupéfiant je m'attendais pas à ce que ça me revienne aussi rapidement (j'étais très agréablement surprise).
C
Neyla, n'as-tu pas retrouvé les mots ?
D
toi tu es un puis sans fond coté écriture c juste la canicule paps...sinon jay remdane pas le voisin
S
Ecrire reste, à mes yeux, le meilleur moyen de s(exiler... Ceci dit, ce n'est pas tjrs évident de le faire...
Choucube
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